Echappé belle

Mais pourquoi Bobby-Ray avait-il déguerpi en prenant avec lui les deux responsables de la bouillie informe en laquelle cette soirée s'était transformée? Il en était arrivé à cette reflexion, quand une fois sortits du taxi, Mandragore émit la possibilité de trouver un autre bar à démolir.

"Hey, p'tite lopette! Au fait tu m'as toujours pas dit ton nom?"

Bobby-Ray profita du tumulte ambiant pour bloquer Thomas dans un coin. Il le poussa contre un mur et fit décoller ses pieds à dix centimètres du sol, et ce sans même le toucher.

"Mon nom est Bobby-Ray. Bobby-Ray.. Tu crois que tu pourras t'en souvenir, ça ne fait pas trop de voyelles pour toi? Je sais ce que tu es et ça me dégoute... Je vais le dire."

Et il relacha sa prise.

Ethan venait de les retrouver dans la foule.

"Bobby-Ray, Mandragore! Ohoo? Je suis là."

Ils le rejoignirent alors.

"Mais pourquoi y a-t-il tant de monde dans la rue en pleine nuit?" s'interrogeait, perplexe, Ethan Blackstones. A peine sorti du taxi, il héla un jeune homme (très probablement un garçon de café, aux vues de son costume sobre et de la serviette blanche posé sur son avant-bras gauche) et l'interrogea sur la cohue ambiante.
"Oh c'est juste une clodo qui affirme avoir été enlevée par un extraterrestre... on la connait bien, elle passe son temps à inventer des histoires pour se faire remarquer ! Mais là un journaliste s'en est melé, c'est la pagaille... bon je file, mon patron va encore m'engueuler."
Sur ce, il traversa la rue et repartit servir quelques rares clients encore attablés. "Dommage qu'il soit parti si vite !" Ethan sourit intérieurement. La Lune était proche, il allait devoir trouver rapidement un casse-croute potentiel.
Il repera ses deux compagnons à quelques mètres et s'appretait à les heler joyeusement, lorsqu'il remarqua le regard paniqué de Mandragore... Il lévitait, devant un Bobby-Ray imperturbable.

"Bobby-Ray, Mandragore ! Ohoo? Je suis là."
Il leur raconta l'histoire de l'extraterrestre sur un ton potache, et prétextant une soudaine panne de cigarettes demanda à B-R de lui prendre une cartouche de Craven "A" Light au bar-tabac situé sur le trottoir d'en face. Bobby allait rétorquer, mais la vue du serveur lui fit visiblement changer d'avis... Ethan en profita pour se tourner vers Thomas.

- Intéressant ce gamin, n'est-ce pas?
- Mhhhh... si ca ne tenait qu'à moi j'en ferais mon repas du soir... mais je suppose que l'exclusivité te revient hein?
- Ne t'avise pas d'y toucher, pour l'instant tu ferais mieux de te concentrer sur la jeune blonde dans son taxi qui te tient à l'oeil depuis 5 bonnes minutes...

La jolie Kate sortait de la salle de concert où elle avait donné, selon elle, la meilleure représentation de ce qu'elle pouvait être. Quand soudain, de lautre côté de la rue, elle appercut ce qu'elle crut être l'homme qu'elle avait aimé... Elle traversa en courant, manquant de peu d'être écrasée par un taxi. Elle regarda le conducteur: une jeune fille qui ne parraissait pas avoir plus de 18 ans mais qui paraissait surtout être dans une colère noire... Enfin bref, arrivée de l'autre côté elle s'appercut de sa méprise. Mais la ressemblance était tellement frappante! Elle décida de nouer connaissance malgrés les deux étranges garçons qui entouraient celui qu'elle avait crut avoir aimé plus que tout. Elle sortit un cigarette de son sac à main vintage de 1947 griffé Chanel et s'approchat.

"Bonsoir... L'un de vous aurait-il du feu s'il vous plait?"

Le taux d'alcoolémie dans le sang de Thomas ne fit qu'un tour (ou autre chose mais la décence nous interdit d'en parler ici). Retombé par terre, il sortit vivement son briquet et l'alluma par réflexe avant même qu'Ethan ait pu sortir le sien. La jeune fille se pencha pour allumer sa cigarette, et un pur moment de cinéma italient débuta. Penchée sur le briquet tenu à bout de bras, ses yeux d'un bleu profond restaient fixés sur ceux de Thomas, qui hésitait entre l'abîme profond du regard azur ou les promesses d'un décolleté plongeant. Sa légère robe flottait dans une petite brise et venait caresser à son insu le pantalon de Thomas au niveau des genoux, tandis que son parfum diffusait une odeur d'été et de paysages verts loins de la ville. C'était la femme dans toutes ses définitions.

Ethan et Thomas se regardèrent. Qu'une femme aussi jolie viennent vers Thomas plutôt qu'Ethan, qui était une star de ciné reconnue et adulée, c'était déjà le signe que cette fille n'était pas normale.

Euh...Bonjour, je m'appelle Thomas Mandragore, voici Ethan Blackstone juste derrière vous. Comment...Comment vous appelez vous?

Bonsoir, je m'appelle Kate, Kate Evans, Nice to meet you Ses yeux restaient fixés sur Thomas et il était sur le point de commettre l'irréparable (la dévorer goulument tant elle paraissait parfaite, on ne se refait pas) quand une cartouche de cigarette entra dans son champ de vision, suivit par un Bobby-machinchose potentiellement dangereux. Pour éviter de décoller de dix centimètres, il leva la tête et sourit à son nouvel ami.

"Bonsoir... Nous étions justement à la recherche d'un quatrième pour un poker... où bien un quatuor à cordes... Et je me demandais juste à l'instant si..."

"S'il ce pourait que je puisse être cette personne? Huumm pourquoi pas? Alors c'est parti!"

Nos quatre compères se mirent alors en marche tandis que le taxi, en furie, semblait prendre la direction d'Upper West Side à vive allure...

Il marchèrent ainsi, tranquilement, sans rien dire pendant dix bonnes minutes. Bobby-Ray se disait que la criminalité avait grandement augmenté ces derniers temps, qu'aucun endroit n'était plus totalement sûr... Il éspérait que les démocrates gagnerait l'élection et qu'ils sauraient régler ce problème... Et s'ils ny arrivaient pas? Et s'ils n'étaient même pas les vainqueurs de l'élection?? Il faudrait que quelqu'un s'implique, pourquoi pas lui après tout? Entrer dans la police? Non!... Il était perdu dans ces pensées quand soudain...

... quand soudain Kate cassa l'un de ses talons. Elle maudt les cieux juste avant que Thomas ne lui propose de la porter... Manifestement le petit brun n'aurait pas été assez costaud pour le faire et, perdu dans ses pensées, il ne s'était appercu de rien. Et Ehan... Ethan, pour qui elle avait sciement cassé une paire de chaussures à 100 dollars, était là debout à ne rien dire... Car évidemnt elle n'avait pas marché sans le faire exprès sur cette dangereuse plaque d'égout... Il ressemblait tant à Nathan, l'homme qu'elle avait aimé et pour qui elle avait changé de vie... Mais cet Ethan était différent, elle sentait qu'il y avait en lui une part de... elle n'aurait pu dire ce que c'était mais elle et lui se ressemblait quelque part... Elle remercia Thomas de sa solicitude, retira sa chaussure intacte, en cassa le talon et la remis comme si de rien était. Entretemps le petit brun c'était appercu qu'il marchait seul et avait fait demi tour pour les rejoindre.

-"Arrêtons donc, de marcher... je suis si las... Cela vous dirait-il de diner italien? Je connais une bonne adresse..."

Ethan n’était pas dupe. Cette petite garce était en train de l’aguicher, et le coup du talon n’était pas le plus original –ni le plus efficace. Mais il fallait avouer que son physique était loin d’être déplaisant, et une tête de linotte sexy était exactement ce dont il allait avoir besoin au cours de la nuit… la pleine lune se levait...

- Un italien, pourquoi pas ?

Ca n’allait pas vraiment assouvir son appétit, mais l’occasion était trop belle pour la laisser passer.

Bobby-Ray lui jeta un coup d’œil en coin. Puis acquiesça avec un soupir. Tiens, le petit serait jaloux ? Quant à Mandragore, ses yeux ne décollaient pas des jambes de la jeune Kate, alors que sa main droite, qui l’avait soutenue un court instant, restait immobile dans l’air ; comme si elle ne s’était pas encore aperçue que la jeune fille s’était déjà éloignée de deux pas. Ethan rit silencieusement.

- Bon, je crois que nous sommes tous d’accord alors. Kate, nous serons vos chevaliers servants pour la fin de la soirée… enfin, de la nuit !

La jeune fille sourit, comme soulagée. Ouvrant le chemin, elle les entraîna le long de Broadway en évoquant le temps et la récession économique.

Bobby-Ray érreinté de marcher héla spontanément un taxi par réflexe afin de soulager ses petites jambes aux regards de celles de ces camarades d'un soir.

Ils s'y installèrent confortablement (sauf lui, littéralement coincé entre Mandragore et la portière) et ce dernier ne les conduisit que bien peu préstement à destination.



suite à Greenwich Village, Il Mulino